Guerra d'España
Guerra civil España
Le sinistre pantin auréolé de crimes
Passant près de Grenade la plongea dans l'abîme.
Andalousie : Ils ont assassiné la figure de l'ange
Fédérico n'est plus pour chanter tes louanges.
!Viva la muerte ! hurlait ce colonel hystérique
Et les morts s'entassaient mannequins pathétiques ;
Il tombait sur Guernica des Picasso funestes
Et le mal s'étendait plus meurtrier que la peste ;
Et puis ce fût Madrid, Valence, Barcelone
Le fascisme rampant n'épargnait plus personne ;
Machado s'en vint mourir au pied, d'une colline
Collioure dansait la sardane en sourdine
Hommes femmes enfants, hagards, dépenaillés
Criaient ! No pasaran ! avec leur poing levé.
Mais le rêve sombrait dans leur vision goyesque
Ils ne regardaient plus l'horizon picaresque.
Sur ce front de plage, qui n'est plus populaire
La mer ne danse plus le long du golfe clair
Argelès ouvrait les portes de Buchenwald
Où certains malheureux auront fini le bal
Ils s'appelaient Vicente, Antonio, Galbàn
Ils étaient paysans, maçons, ou étudiants.
Après leurs années de guerre,
Nos années de misère.
Ils ont souffert, pleuré, combattu
Courbés, mais ils ont survécu.
Malgré les Pyrénées cette énorme barrière
Ils étaient rassurés proches de la frontière
Dans ces petits villages, qui ressemblaient aux leurs
S'y trouvaient leurs aînés qui épousaient leurs malheurs
Leur femme et les petits sont restés au pays
Jeunes, ici, ils ont construit une nouvelle vie ;
Une vie de famille avec femme et enfants,
Ils sont même le temps passant, devenus grands-parents.
Plus de trente années se sont écoulées
Où sont leurs souvenirs et leurs rêves étoilés ?
Mais un jour le pantin pourrissant
Se dit : il faut avant le soir finissant
Que j'appelle auprès de moi ces hommes vieillissants
Alors, sans se retourner … Ils sont rentrés
On ne sait pas ce qu'ils auront trouvé
Où donc est la vraie vie ?
Qui a dit : c'est pour ça que l'on vit ?
D'un côté les larmes asséchées par l'oubli
De l'autre comme en écho : c'est moi que l'on renie
Je n'y comprends rien !
Est-ce qu'on meurt de chagrin ?
René PARRAUD
7 janvier 1997
J'aurais pu intituler ce poème : Vicente ou l'Espagnol ; ou tout simplement le dédier à ma mère.
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