Pablo DEL RIO MAROTTO rescapé de MAUTHAUSEN
Mon blog serait incomplet si je ne présentais pas un hommage à un ami, que dis-je un ami, un second père plutôt.
Il se nommait Pablo DEL RIO MAROTTO.
Il était né dans un petit village au sud de Madrid, Colmenar de Oreja le 30/06/1911. La guerre civile d'Espagne allait provoquer son exil comme celui de beaucoup d'autres républicains (voir ma biographie) et c'est pourquoi en mars 1939 il se retrouva sur le territoire français avec son épouse et sa petite fille.
Par malheur, la deuxième guerre mondiale allait encore une fois provoquer un drame. En effet, les allemands ayant envahi la France après avoir été l'ami fidèle des nationalistes espagnols, allaient capturer un très grand nombre de républicains surtout que ceux-ci s'engageaient dans la Résistance française.
D'abord enrôlé dans une Compagnie de Travailleurs étrangers au service de l'Armée française
Capturé par les allemands, Pablo allait être envoyé pendant quelques mois au Stalag XI B (Il était marqué du triangle rouge "Rot Spanien" et son numéro de matricule, tatoué sur son bras, était le 49261) puis le 27/01/1941 il fut déporté dans le tristement célèbre camp d'extermination, "Mauthausen" sous le numéro 5705. Jusqu'à sa libération le 5/05/1945.
Le 17 juin 1945 il arriva enfin à Paris et quelques jours plus tard il rejoignit sa femme et sa fille à Pont-l'Abbé, Finistère.
Pendant les rares visites de la Croix Rouge les déportés avaient le droit d'écrire à leur famille "je suis bien, j'espère que vous aussi"
Après que le camp de Mauthausen fut libéré par les troupes Américaines en 1945, il rejoignit sa famille qui se trouvait être alors nos voisins à Pont l'Abbé (Finistère). J'avais environ sept ans et mes yeux d'enfant se figèrent sur une image qui plus jamais ne me quittera; Un squelette recouvert de peau venait de débarquer d'une ambulance. Je venais de faire sa connaissance !
Sa santé exigea son hospitalisation pour une grave opération. Au docteur qui l'interpella par son numéro de lit pour s'enquérir de son état, il lui répondit avec colère : "mon nom c'est Pablo Del Rio, pas un numéro !"
Pendant quelques années nos familles allaient être séparées. Lui et les siens s'établirent à Léognan (Gironde) alors que les miens se fixaient à Toulouse.
Il fut mon témoin de mariage et je suis très fier de l'avoir choisi. Pendant de nombreuses années lui et son épouse allaient me donner leur affection jusqu'à leur décès.
Son épouse décédera en 1984 et lui en 1989. Ils reposent dans le cimetière de Léognan.
paroles et musique: Jean Ferrat
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres:
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés.
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre,
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
La fuite monotone et sans hâte du temps,
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir.
Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel,
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou,
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel,
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux.
Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage;
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux?
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenus si bleues.
Les Allemands guettaient du haut des miradors,
La lune se taisait comme vous vous taisiez,
En regardant au loin, en regardant dehors,
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers.
On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours,
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour,
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire,
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare.
Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été,
Je twisterais les mots s'il fallait les twister,
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez.
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants,
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent.
(figure sur l'album Ferrat - 1963-1964 - Temey 174136-2 importation)
site officiel de Jean Ferrat
Nota: Remerciements à sa fille Consuelo Guillou pour m'avoir fourni les documents et autorisé à les publier.
MATHAUSEN le camp des Espagnols
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 99 autres membres