La Chanson du Conscrit
Je suis natif du Finistère,
A Saint-Pol j'ai reçu le jour;
Mon pays est le plus beau d'la terre,
Mon clocher le plus beau d'alentour.
Aussi je l'aimais, et l'admirais
Et tous les jours que Dieu faisait je m'disais;
Que j'aime ma bruyère
Et mon clocher à jour.
Mais quand on m'dit que pour la guerre
Il fallait quitter mes amours,
La métairie et mon vieux père
Et partir au son du tambour
Dam' jleur dis net:Ah ! n'entend quet,
Ah ! n'entend quet, Ah ! n'entend quet,
J'aime mieux ma bruyère
Et mon clocher à jour.
Mais quand je m's' tais mis en colère,
Fallait bien obéir toujours,
A mes plaintes, à mes prières,
Les méchants ! ils faisaient les sourds
Et puis riaient et se moquaient
Et me disaient : Yvonik n'entend quet
Faut quitter la bruyère
Et ton clocher à jour.
En dépit de moi militaire
A l'exercice tous les jours
J'enrageais sans comprendre guère
Leurs gauch's, leurs droit's, leurs demis-tours,
Et me tournais comme j'pouvais
Tout en virant malgré moi je cherchais
A revoir ma bruyère
Et mon clocher à jour.
La gamell' ne me profitait guère
Et j'dépérissais d'jour en jour.
En marche je restais en arrière,
M'arrêtant à chaque détour,
Et puis j'pleurais et m'répétais:
Qui t'aurais dit Yvonik qu'tu mourrais
Sans revoir ta bruyère
Et ton clocher à jour.
A c'garçon-là il n'y a rien à faire
Qu'un bon congé, c'est le plus court,
Dit le méd'cin, car au cim'tière
Il s'en va grand train chaque jour.
Aussitôt fait, comme il disait,
V'la ton congé, l'ami fait ton paquet;
Vac revoir ta bruyère
Et ton clocher à jour.
Adieu donc l'armée et la guerre,
Adieu fusil, adieu tambour,
J'fus bientôt dans mon Finistère.
L'beau jour que celui du retour,
Ah ! dam ! j'riais, et puis j'pleurais,
Puis j'chantais, je sautais, je dansais.
Je revoyais mon vieux père
Et mon clocher à jour.
Chanson populaire Bretonne transmise par Andrée Travel
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